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On ne va pas se raconter d’histoires – David Thomas

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On ne va pas se raconter d'histoires

 

Des hommes qui se cherchent, qui s’égarent, qui se retrouvent enfin. Des hommes enfants, d’autres qui refusent de grandir, d’autres qui font semblant d’être grands. Des hommes empêtrés dans leurs contradictions, si faibles et si forts à la fois…

Des ratés, des ingrats, des menteurs. Des hommes qui ont peur de l’avenir, des hommes heureux, qui l’ont été ou qui espèrent l’être un jour…

Des hommes amoureux, pétris de désir, hésitants, des hommes si passionnés qu’ils en deviennent lyriques…

Des hommes résignés, d’autres qui regrettent leurs erreurs et regardent constamment dans le rétroviseur, d’autres encore qui choisissent la facilité de l’oubli…

 

 

Des femmes lasses et sans envie. Des femmes qui aiment et qui le disent. Des femmes qui n’aiment plus et ne le disent pas.

Des femmes qui n’ont plus de larmes, qui partent en claquant la porte, d’autres qui quittent tout sans tambour ni trompette, sans fracas ni regrets, sans faire de vagues…

Des femmes nostalgiques qui se souviennent des premiers instants, des femmes aigries qui ne croient plus en l’avenir, des femmes prêtes à renoncer à tout pour vivre enfin…

 

Autant de petites histoires qui disent la vie à deux, les solitudes, les désillusions et les petits bonheurs du quotidien. Les ratés, les séparations, les grands vides, les pentes qui donnent le vertige mais font revivre. Des prises de conscience, des fins brutales, des renoncements, des renaissances… Des histoires d’hommes et de femmes que la parole libère. Des histoires courtes, très courtes, qui disent l’essentiel. Sur nous, sur nos failles et nos travers, nos espoirs et nos désirs. Et tout ça est tellement vrai !

Soixante-cinq petites histoires dévorées avec le sourire sans pouvoir s’arrêter… Pour tout vous dire, j’avais oublié mon livre dans le train 40 pages avant la fin. Racheté dans la foulée évidemment, relu depuis le début bien sûr… Cher usager du RER tombé par hasard sur cette pépite, je n’avais pas prévu de te faire ce cadeau et j’espère que tu t’en délecteras autant que moi… Que tu apprécieras à leur juste valeur ces chutes justes et qui claquent, souvent drôlissimes et tellement, tellement vraies !

 

Non, franchement, de l’or en barre ce petit recueil ! Touchant et décalé, tendre et hilarant… Le cocktail est si savoureux que je vais vous en offrir quelques gorgées… Tout comme le fait aussi Jérôme avec qui je partage tout naturellement cet énorme coup de cœur vu qu’il m’a mis cette pépite entre les mains !

 

 

On a été heureux

 

« Elle m’avait souri toute la nuit et je m’étais levé en maudissant le réveil, tant les rêves avaient été doux et apaisants. J’avais revécu pendant mon sommeil tous ces moments qui vous bâtissent une histoire et la scarifient en vous à jamais. Ces visions au miel m’avaient fait oublier tout ce qui nous avait éloignés, ces évidences qu’on occulte, qu’on ne veut pas voir et qui vous ramènent inlassablement dans les cordes jusqu’à ce que le poids de la réalité vous mette à genoux. Je me suis levé vite fait et je me suis douché pour essayer de penser à autre chose. J’aurais bien aimé noyer ces jolis rêves sous une eau bouillante mais ça n’a pas marché. Je suis sorti pour prendre un café, et là, au moment où j’ai commencé à ouvrir le journal pour revenir auprès des vivants, le type derrière son comptoir a glissé dans son lecteur « The Ghost of Tom Joad ». Tout notre bonheur m’est remonté au cerveau comme une bouffée d’air glacée et suffocante. J’ai bu mon café d’une traite, j’ai payé et je suis rentré à la maison. A peine cent mètre pendant lesquels il m’a fallu luter pour stopper l’hémorragie. Malgré l’impossibilité, la brutalité, les crises, la méchanceté, les hurlements, les nerfs à vif, les abattements et les poings menaçants, je ne me souvenais plus que d’une chose, malgré nos névroses respectives, on avait été heureux. Alors, parce que je n’ai jamais su être plus fort que moi-même, je n’ai pas tenté de faire diversion. J’ai fermé la porte, j’ai cherché le CD sur l’étagère, j’ai ouvert le coffret, j’ai mis le disque dans le lecteur et j’ai monté le volume. Ensuite, je me suis assis sur le canapé, j’ai posé mes coudes sur mes genoux, bien calé ma tête entre mes mains, et j’ai laissé la fontaine m’inonder les joues. » (p. 36-37)

 

 

Merci

 

« Je sais, c’est un mot bizarre, parce qu’on l’utilise autant quand on vous tient une porte que pour répondre à ces moments qui vous construisent. Il ne vaut souvent pas grand chose en regard de ce qu’on vous donne mais j’ai quand même envie de te le dire. Je voulais te remercier de m’avoir aimée. Je voulais te remercier de n’avoir jamais rien dit quand j’étais odieuse. Je voulais te remercier de m’avoir fait de beaux enfants. Je voulais te remercier d’avoir fait de ma vie quelque chose d’ennuyeux mais de confortable. Je voulais te remercier d’avoir supporté ma bêtise, même si moi aussi j’ai supporté la tienne. Je voulais te remercier d’avoir aimé avec sa boue, ses cendres, la petite fille triste et effrayée que j’étais. Je voulais te remercier de m’avoir fait jouir et de m’avoir foutu la paix. Je sais, j’ai pas toujours dit ça, mais ce soir, c’est ce que j’ai envie de te dire. Je voulais aussi te remercier d’être mort avant moi. » (p. 83-84)

 

 

Tenir

 

« Pendant quinze ans je crois qu’il y a eu plus de jours où j’ai eu des idées noires que de jours clairs et apaisés. Et pourtant je suis là. Je suis là parce que je me suis toujours dit que, tant que mes parents seraient vivants, je tiendrais. Mes parents sont toujours vivants, mais, comme nous tous, ils ne sont pas éternels.

Seulement voilà, depuis quelques temps, j’ai un enfant. Le problème s’est déplacé.

Ça va être long, mais je tiendrai. » (p. 128)

 

 

Éditions Stock (Mai 2014)

Collection La bleue

160 p.


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